Samedi 20 mars 2004: "J'en ai marre d'être fatiguée; marre de l'hiver aussi. Nous avons eu une semaine printanière et je me suis sentie bien plus d'aplomb. Je suis incapable de rester en plein air plus d'une heure sans tomber de sommeil. (...) La physiothérapeute m'a fait une petite remarque qui me travaille depuis "Ne soyez pas trop exigeante avec vous-même; donnez-lui (mon genou blessé) 3 semaines pour se remettre." C'est bizarre mais je crois que c'est la 1ère fois qu'on me dit çà. Et çà m'a frappée. Je réalise soudain à quel point je cours derrière la perfection. Je voudrais tout faire! et je me plains de fatigue... Mes collègues masculins ont, pour bon nombre d'entre eux, une épouse et mère de famille gérant probablement 60 à 90% des tâches ménagères. Pas moi. (...) Exigeante avec moi-même... certes... sinon je ne sortirais pas de dessous la couette le matin. C'est sans doute ce qui me demande le plus de volonté de toute la journée! Je suis aussi exigeante avec moi-même parce qu'on me le demande. Mes parents, mes profs, mon mari, mes filles, mes collègues, ma famille, plein de gens ont une image de moi et des attentes que je ne veux pas trahir. (...) Et enfin je veux être moi-même, et c'est justement là que je suis épuisée! je me suis rabattue sur mes petits bonheurs favoris: la lecture, la vidéo, le chocolat. En attendant impatiemment l'été pour les fleurs."
Impressionnant le chemin parcouru en 7 ans. Je suis devenue vachement plus égoïste et vachement moins fatiguée, pourtant j'en fais encore beaucoup! Je suis allée ressortir ce carnet pour voir si j'avais noté mes symptômes de grippe en janvier 2004, pour comparer. J'avais mis 6 mois à récupérer de la fatigue. Alors quand j'ai fini au lit avec une très forte fièvre mercredi passé j'ai eu peur de refaire la même expérience. Mais la fièvre est tombée dès le lendemain et même si j'ai traîné des symptômes grippaux atténués encore 4-5 jours, je me sens de nouveau à peu près en forme, juste plus fatiguée le soir et un peu plus de peine à me lever le matin. Ouf!
Quant à l'exigence... le perfectionnisme... je fais face à toutes mes croyances d'enfant. J'ai tellement d'émotions qui remontent maintenant que ma nouvelle activité professionnelle me donne un espace apaisé, isolée avec mes dossiers sur ma montagne pendant de longues journées. J'occupe le mental avec mes joujoux intellectuels, et derrière, devant, dessous, y a tout qui remonte. Peur, colère, tristesse. Je n'ai jamais eu autant d'états d'âme incompréhensibles, sortis de nulle part. Que puis-je faire? Rien. J'attends. J'observe. Je nettoie. J'en ai ravalé des émotions en 40 ans. A se demander si le reste de ma vie suffira à me guérir de tout cela...
J'ai décidé aujourd'hui d'appeler cette étape de ma vie mon semi-sabbatique émotionnel.
Semi car je ne suis quand même pas devenue ermite, donc j'ai quand même mon petit bain d'émotions quotidiens, rien qu'avec les enfants on ne peut pas vivre en autiste! Mais d'avoir apaisé le tourbillon professionnel me donne le temps de me reconstruire, voire de me construire tout court.
Finalement, ce dont j'ai pris le plus conscience ces dernières semaines c'est de ne pas savoir Qui Je Suis, sous un tel fatras de croyances et émotions ravalées, réprimées sous un joli couvercle décoratif, je me sens incohérente, compliquée, un peu perdue en fait. Comment ne pas jeter le bébé avec l'eau du bain? dans ces émotions il y a aussi de la joie, de l'empathie... mais comment faire le tri? qu'est-ce qui est vraiment à moi dans tout cela?
Pft.. ave cette foutue maj je ne navigue plus et me suis coupée de tes pages.... quel dommage! va falloir que je pose mes valises m'installe et revive !!!!
Rédigé par : lomi lomi | samedi 05 février 2011 à 07h46