Ce matin les enfants sont venues me réveiller au lever du jour pour me montrer les premiers flocons de neige qui virevoltaient dehors. J'avais oublié de rentrer les pétunias du balcon, mais heureusement ils n'avaient pas encore gelé.
Je me suis levée de bonne humeur. J'aime l'automne - la mélancolie de ses brouillards, la prometteuse blancheur des premières neiges, les flammes énergiques du bois desséché par l'été dans la cheminée, le tourbillon des feuilles rousses au simple soupir du vent dans la lumière d'arrière-saison, la douce chaleur sucrée des marrons chauds qui réchauffent les mains, le rituel des bougies allumées à la tombée de la nuit trop vite venue...
L'été indien que j'ai retrouvé en revenant des froides et humides Hautes Terres ne convenait pas à mon humeur un peu mélancolique, à mon besoin de recueillement, à l'appel d'un travail intérieur de fond. Mais c'est fini maintenant, voici les vacances d'automne et la Toussaint dans 2 semaines.
C'est le moment où la Bretagne se rappelle à moi, où je me sens connectée à mon passé, à mes racines, à tous mes héritages de là-bas. Mais tout cela se mêle à mon présent, à mon nouvel ancrage dans cette autre terre rurale où j'habite désormais, sans sacrifier au confort de la vie moderne que le progrès m'a apporté.
J'ai donc pris un demi céleri, un poireau et deux poignées de pommes de terre dans mon panier bio, et je les ai fait mijoter au vin blanc avec la saucisse aux choux sur le lit d'un demi oignon revenu à l'huile d'olive. Papet vaudois façon Kerleane. L'appétit et le plaisir de manger me sont revenus, et le goût prononcé de cette cochonaille aux légumes d'hiver m'a replongée par analogie dans le souvenir des après-midis de vacances d'automne chez mes grand-parents. Pâté Hénaff ou pâté de campagne, rillettes, jambon-mayo, et saucisson fumé à l'ail, et l'incontournable soupe poireaux-carottes-pommes de terre, et la crêpe beurre confiture trempée dans le café au lait sans couler dedans... Saveurs de la mauvaise saison, chaleur des bons vivants, version Bretagne.
Dans quelques jours mes parents viennent pour garder les enfants le temps des vacances. J'ai bravé la pluie glacée pour aller chercher au marché artisanal de la Bénichon deux saucissons rustiques, et je garde la petite courge du panier bio pour leur faire une bonne soupe chaude à leur arrivée, et j'achèterai aussi une cuchaule et de la moutarde de Bénichon au vin cuit de poire et du gruyère d'alpage. Saveurs de la mauvaise saison, chaleur des bons vivants, version Suisse.
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