En fait, pendant ces 15 années, j'ai consacré la plus grande partie de mon temps, de mon énergie, de ma créativité, et même de mon développement personnel, à mes activités professionnelles.
Le métier d'ingénieur, que j'avais choisi en procédant par élimination plus que par vocation, m'a ouvert des portes et des expériences que je n'aurais jamais imaginées dans le petit esprit étroit et timide qui était le mien à l'adolescence. Je suis peureuse et sceptique de nature, mais de temps en temps, une opportunité de progrès se présente, et là, heureusement, j'ose avancer. Derrière chaque ligne de mon CV se cache un petit pas de ce type: mes études postgrades en Suisse, mon stage aux Etats-Unis, ma participation à des groupes de travail internationaux, mon expérience du management démarrée sans que je demande rien dans les années de la folie télécom où le moindre projet obscur passait de 1 à 10 personnes en 18 mois, etc.
A chaque petit pas, un gros stress, la peur de ne pas être à la hauteur, les scénarios catastrophes de tout ce qui peut rater; mais ce stress est moteur, il me force à apprendre et à progresser. Au final, même si ce qui aurait pu être un grand bond en avant n'est qu'un petit pas ridicule, même si ce petit pas ridicule est tremblant ou de travers, peu importe: j'ai bougé, j'ai avancé. Et comme j'ai bien plus d'un tiers de ma vie derrière moi désormais, quand je regarde en arrière, le cumul de ces petits pas si ridicules (exemple: oser téléphoner en anglais sans être terrorisée...) fait un bon bon de chemin tout-à-fait mesurable, et cela fait que j'ai beaucoup plus confiance en ma capacité d'adaptation et d'évolution aujourd'hui qu'à 20 ans.
Mais au-delà de cette analyse égocentrique, ce que je trouve intéressant à disséquer aujourd'hui, c'est le rôle qu'ont eu les Autres dans tout ce cheminement. Quant on fait systématiquement de l'introspection pour savoir d'où on vient, où on va et où on en est, ce qui est une tendance maladive chez moi depuis au moins le soir de 12 ans, il est facile de passer son temps à mesurer la température interne de son ego en oubliant complètement qu'il est plongé dans un environnement complexe qui l'influence en permanence. Il est en fait beaucoup plus intéressant de s'interroger sur les interactions que l'on a avec les Autres et sur leur influence, et quand on commence à pratiquer cet exercice, on devient d'autant plus attentif aux Autres... et on s'adapte, on apprend, on s'enrichit et on évolue d'autant plus...
Par exemple, si je reprends ma peur de téléphoner en anglais, elle s'est résolue naturellement quand j'ai commencé à être appelée régulièrement en anglais par des gens avec qui j'avais établi au préalable et de visu une relation de confiance. A force, cela m'est devenu tout naturel.
Le plus difficile est de se focaliser sur les relations positives (ou plutôt sur les aspects positifs d'une relation car le verre n'est jamais complètement vide ou totalement plein). Il y a toujours quelque-chose à apprécier ou à respecter chez l'Autre.
En commençant cette note je ne savais pas où elle me mènerait; j'avais juste l'intuition de son thème, juste envie de parler l'importance de mes relations aux Autres pendant toutes ces années, en prenant l'exemple neutre du travail car, contrairement à ses amis et ses amours, on ne choisit pas ses collègues, et contrairement à sa famille qu'on ne choisit pas non plus, on peut y côtoyer des gens d'horizons très variés (quoique j'aie aussi une famille un peu multinationale à présent, c'est vraiment par le travail que j'ai découvert dautres cultures).
En fait, cette note est difficile à achever, car je me rends compte en faisant cet exercice de synthèse qu'il y a dans mon parcours tellement d'Autres avec qui j'ai avancé qu'il me faudrait tout un recueil de portraits pour en décrire les plus significatifs. En outre, j'ai surtout de bons souvenirs de tous ces petits pas ensemble. Je n'avais jamais réalisé à quel point j'avais tendance à voir ce passé en rose: j'espère que ce n'est pas la manifestation d'une démence sénile précoce!
Et puis savoir faire le tri, ceux qui nous retiennent, qui nous dévient, qui nous engluent mais de toute façon, toute relation quelle qu'elle soit nous fera avancer. bises.
Rédigé par : lomi lomi l | vendredi 26 janvier 2007 à 11h28
Par cette note, tu es en train de cheminer. Voici ce que mon coeur ressent en te lisant :
Tu as tout donné aux autre, jusqu’à te perdre toi-même. (et peut-être même jusqu'à t’identifier à ton ego ?)
Maintenant, tu prends conscience de l’importance des autres dans ta Vie, et tu apprends à recevoir.
Rédigé par : Benoît | vendredi 26 janvier 2007 à 11h50
Etonnant car j'ai l'impression contraire. En faisant le bilan je constate que j'ai beaucoup reçu et peu donné, je me sens presque coupable de ne pas faire grand-chose (ou du moins pas de grande chose) pour les autres.
Attention aussi, le blog déforme la réalité en l'embellissant car je viens surtout ici pour écrire de jolies notes et me changer les idées positivement.
Rédigé par : Kerleane pour Benoit | vendredi 26 janvier 2007 à 21h47
Effectivement, mais j'ai de la peine à rejeter ceux dont je sens qu'ils ont besoin de moi, même dans ces cas-là.
Je n'en ai pas identifiés beaucoup, et surtout actuellement je n'en ai pas dans mes proches.
L'engluement est un bon exemple toutefois et il faut que je le médite.
Rédigé par : kerleane pour lomi-lomi | vendredi 26 janvier 2007 à 21h54
Effectivement, je trouve que le début de ta note contraste bcp avec la fin.
Quand tu écris au début : "j'ai consacré la plus grande partie de mon temps, de mon énergie, de ma créativité, et même de mon développement personnel, à mes activités professionnelles.", n'est-ce pas là une façon de donner bcp à ce qui n'est pas toi, donc aux autres ?
Aussi, je voulais te dire que des fois, on est pas trop objectif dans le donner/recevoir (je parle en connaissance de cause). C'est facile, il suffit ne ne pas compter avec le même étalonage tout ce que l'on donne et tout ce que l'on reçoit. Et cela s'accentue encore bcp plus dès qu'il y a le moindre petit problème d'estime de soi qui se fait sentir.
Rédigé par : Benoît | vendredi 26 janvier 2007 à 22h16
Bien vu, intro mal amenée. Je passe plus d'heures au travail que dans n'importe quelle autre activité dans mon temps d'éveil, comme la plupart des gens d'ailleurs. Ce que je voulais dire, c'est que ce temps-là était aussi un temps de développement, de progrès et de rencontre.
Rédigé par : Kerleane | samedi 27 janvier 2007 à 15h37
Rien n'est là par hasard ! Si tu veux progresser, ne te juge pas, accueille !
Tu peux effectivement voir ça comme une "intro mal amenée" pour être sûre de garder le contrôle sur toi-même, ou comme une sorte de révélateur de quelque chose très au fond de toi qui s'est exprimé sans que tu t'en aperçoive.
Rédigé par : Benoît | samedi 27 janvier 2007 à 19h39