Je suis ma résolution du nouvel an: je me pose plusieurs fois par mois un soir avec toile et pinceaux.
C'est toujours un moment magique, bien plus fort que toutes les méditations que j'ai pu expérimenter. Je laisse un certain espace à mon infatigable vélo mental, pour reprendre les mots de Fichtre: c'est le mental qui amène de la structure dans le cadre, des cercles sous-jacents, un effort de symétrie, une certaine logique dans les couleurs. Mais en même temps j'ouvre aussi le cadre à une expression beaucoup plus brute suivant mon inspiration du moment. Je peins en musique, pour faciliter la montée des images, le bain d'émotions. Je ressens beaucoup de joie dans ces moments. Peu importe, finalement, le résultat, même si je le juge sévèrement; c'est un court-circuit du verbal, une expression inhabituelle de mon être, qui lui donne une autre dimension, une autre profondeur, et surtout c'est une réalisation, je peux la partager, dans mon salon, et même ici, c'est déjà plus qu'une chimère.
J'ai besoin de ces espaces de créativité pour me sentir bien, comme si je pouvais n'être pleinement moi que dans ces espaces, ces moments où même le temps suspend son vol, où tout devient possible... et en même temps... je deviens folle de toutes ces idées qui me traversent l'esprit et que je suis incapable de communiquer, a fortiori de réaliser. Car j'ai sans cesse de ces idées, pas juste des images, des idées de choses à faire, à dire, à explorer, à partager, à construire, à inventer, à développer... des idées que je connecte sur d'autres idées des autres... des idées dans l'air du temps, des idées bizarres... mais ce ne sont que des idées, des images, des chimères... Quelle frustration! Car c'est bien de cela que je prends conscience peu à peu; c'est ma difficulté à exprimer, partager, communiquer avec les autres qui limite mon impact sur le monde, alors même que je suis profondément altruiste et qu'il y a des merveilles dans mes rêves que j'aimerais tant offrir aux autres pour progresser ensemble...
Peut-être tout cela n'est qu'une immense illusion de mon ego. Mais que faire d'autre ici-bas? comment trouver du sens à cette vie au-delà de nos petites affaires du quotidien? en même temps, à quoi cela sert de rêver, si on ne sait pas partager ces rêves, a fortiori les réaliser?
Bonjour Kerléane
Perso, rapport à la frustration, je me suis souvent rendu compte que je pouvais la mettre en rapport avec une espèce d'envie non réaliste ou 'prétentieuse' de ma part que je pouvais diriger/atteindre/satisfaire, moi, 'demi-dieu' engoncé dans mon petit monde intérieur, dirigé sans me rendre compte par une certaine dose d'égo empêchant la lucidité nécessaire à une plus grande sérénité, mais aussi communion avec l'environnement extérieur. Et c'est là que le lâcher-prise peut intervenir je pense, permettant de franchir un petit pas, puis un autre...
Bonne journée :-)
Rédigé par : Fichtre | lundi 21 mars 2011 à 08h38
Pourquoi cette inquiétude en fin de note? Un manque de confiance? ou de reconnaissance? Moi j'attends patiemment ton bouquin en librairie...
Rédigé par : aloun | mercredi 23 mars 2011 à 19h42
Fichtre, Alun, vos coms me donnent une autre lecture de ma note... frustration, inquiétude, je ne suis pas sûre que c'est ce que je voulais exprimer. Plutôt une errance, le doute, un questionnement existentiel. Nous vivons dans une société où tout doit être utile et je relis à présent combien cela me piège... au lieu de me réjouir de mes espaces créatifs, je me culpabilise de me les accorder et je veux les rentabiliser. Donc, oui, fichtre, il me faut lâcher-prise de cette logique stérile. Je peux planifier des espaces créatifs comme je case mes cours de yoga, tout simplement... en leur donnant une place dans mon agenda. Et le reste s'éclairera quand j'aurai arrêté de courir vainement derrière des enjeux imaginaires. La confiance et la reconnaissance ne se cherchent pas dans le regard de l'autre, mais à l'intérieur de soi d'abord...
Rédigé par : kerleane | mercredi 23 mars 2011 à 22h38
...je pense qu'il d'abord s'arrêter de courir, et regarder autour de nous pour évaluer notre position dans le monde qui nous entoure. A force d'écoute intérieure nous nous complaisons parfois dans un univers immobile. C'est ce que je pense, mais bon, "la vérité est dans toutes les choses, même en partie dans l'erreur.." (c'est pas de moi ça..)bonne journée.
Rédigé par : aloun | vendredi 25 mars 2011 à 07h50
Je m'aperçois régulièrement que chacun est dans son monde. Avec la meilleure volonté, on pense parfois communier avec l'autre, partager (ton envie). On s'aperçoit, si l'on veut bien y regarder de plus près, que la plupart du temps, ce que va recevoir l'autre n'est pas ce que tu pensais lui donner, voire qu'il ne sera pas à même de comprendre ce que tu pensais partager. Cela m'a fait souvent relativiser la possibilité que l'on pouvait se rencontrer, réaliser que j'étais dans un certain fantasme de rencontre de l'autre, une certaine projection/illusion :-)
Très bonne journée
Rédigé par : Fichtre | mardi 05 avril 2011 à 07h36
Fichtre, tu connais surement la prophetie des andes? je fais une différence entre la communication consciente, intentionnelle, et les messages interpersonnels qui passent sur bien d'autres niveaux et qui mettent parfois des mois voire plus à passer parce qu'on n'y est pas attentifs... et pourtant avec le recul et un peu de mémoire, de préférence artificielle comme les serveurs de typepad car ils ne déformeront pas les souvenirs qu'on a bien voulu y inscrire, on se rend compte que la source d'une prise de conscience, source d'évolution, était souvent une de ces rencontres. Peut-être même toujours, si on peut étendre la notion de rencontre à des végétaux, des minéraux, des ambiances, des lieux... Il est possible que ce que nous appelons réalité soit en fait une illusion construite par nos cerveaux, donc des réalités différentes, mais c'est par nos échanges que nous leur donnons un sens commun, même si cela les déforme forcément, cela nous fait progresser...
Rédigé par : kerleane pour fichtre | mardi 05 avril 2011 à 21h03