Après l'introduction, nous sommes rapidement passés à la pratique. Nous avons reçu la première initiation, à tour de rôle. Il faut garder les yeux fermés, c'est clairement la partie ésotérique, avec tout un rituel par l'initiant au niveau des mains et de la tête de l'initié - dessin de symbôles, souffle, claquement des mains. Je suis toujours sur mes gardes, pas très à l'aise; je me concentre sur mes sensations, le temps que mon tour arrive - je suis la dernière - je note quelques palpitations, une bouffée d'angoisse, mais quand vient mon tour, je suis détendue, et il ne se passe rien de spécial. Juste l'impression d'une petite relaxation, quand je rouvre les yeux.
Nous apprenons le traitement rapide, et le pratiquons 2 par 2 à tour de rôle après le repas de midi. Je ressens des sensations différentes, mais surtout de la chaleur, dans mes mains quand je traite, sous les mains quand je suis traitée, et étrangement même à l'intérieur de ma boîte cranienne quand Joëlle traite mon occiput.
La séance se termine par la 2ème initiation. Est-ce parce que j'ai lâché prise au fur et à mesure de la journée? ou au contraire l'impatience intellectuelle de vivre quelque-chose de différent? mon imagination s'emballe dès que je ferme les yeux. Je suis la dernière à passer, comme le matin. Je vois une petite fille, qui m'est terriblement familière, comme une ancienne partie de moi. Mais cette petite fille doit faire des choses sérieuses, au lieu de s'amuser. Je sens à ma gauche la présence pesante d'un géant de pierre, de ce granit gris dont on fait les murs, les calvaires et les statues en Bretagne, sa main oppresse mon épaule. Malaise! un peu devant, sur la gauche, apparaît un drôle de petit clown coloré, avec une immense perruque jaune frisée. Et sur la droite, des fées! un monde de couleurs, enchanté, du vert et du jaune, du rose, la couleur des blés l'été, gaieté estivale, insouciance, c'est ce monde-là que regrettela petite fille...
J'en ai les larmes aux yeux, juste de quoi mouiller mes cils, mais de vraies larmes; d'où viennent-elles donc? d'où viennent ces images contrastées, ce sentiment de tristesse? Mon tour arrive. Je me concentre sur mon corps, je me recentre, les images s'évanouissent, reste une lumière un peu jaunâtre-beige, ma tête est comme tirée en arrière, sentiment de légèreté. Je visualise au passage des symbôles d'étoiles, en 3D fil de fer, et l'étoile de David.
Joëlle et Jérémy ne rapportent pas grand-chose. Katell a vu un amour magnifique, des animaux, des couleurs... elle est ravie, elle plane.
Ce premier cours se termine par une séance d'harmonisation des chakras, montrée sur Jérémy, qui s'est plaint de douleur au plexus solaire pendant son traitement. La prof le traite sans le toucher, les mains quelques centimètres au-dessus de lui, et lui, les yeux fermés, décrit une sensation de travail interne. Auto-suggestion? en tout cas, cela lui fait de l'effet. Il est tout bousculé en sortant. Les deux autres pas mal aussi. Moi, je suis en pleine forme. En rentrant, ma fille me demande d'aller sur la piste rouge, avant la fermeture, et nous faisons encore 2 descentes à ski sous un soleil magnifique. Mari Charmant part finir un gros dossier au travail, et je reste seule pour le souper avec les enfants à la maison. En préparant le repas, brutalement, le sentiment de l'après-midi me revient, sans les images, mais terriblement violent. Je suis désemparée, envahie de la tristesse du deuil de cette enfance insouciance qu'il faut abandonner. Je ne comprends pas ce sentiment, il n'est pas à moi, il n'est pas dans mon histoire; certes j'ai très tôt préféré la compagnie des adultes à celle des enfants, que je trouvais frivoles et méchants souvent, alors que j'avais tant à apprendre des grands, mais j'ai toujours eu des espaces de jeu et de rêve, toute ma vie en fait... Alors je commence à me demander, tout en préparant le repas, et si cela venait d'avant, ou d'ailleurs? le sentiment a la même violence que celui que j'ai ressenti, encore enfant, à la lecture de la petite fille aux allumettes, du bébé mort de scarlatine dans "Les 4 filles du Dr March",ou devant certains épisodes de Goldorak, Albator ou "La petite maison dans la prairie". La mort d'un enfant, la maladie grave d'un enfant, m'ont toujours bouleversée. Et je ne parle pas des génocides, de l'holocauste... leur évocation me met toujours dans tous mes états... Je commence à faire l'association: la tristesse est celle d'une enfance inachevée. Maladie, ou même décès? Responsabilités précoces? Ensuite, je songe aux différentes façons d'expliquer cette brutale résurgence de l'enfant triste dans mes émotions. Dans une approche spirituelle du monde de l'esprit et des sentiments, on pourrait faire l'hypothèse d'une vie antérieure trop vite achevée. Dans une tentative d'explication rationnelle du fonctionnement de mon cerveau, et d'après mes connaissances actuelles, en faisant cette expérience inhabituelle aujourd'hui, j'ai rafraîchi des neurones oubliés, peut-être tout simplement ceux de ces sentiments de tristesse mal digérés devant la télé ou un livre quand j'avais 7 ou 10 ans. Entre les deux, un petit mix de psy, ce doit être le genre de truc qui sort pendant les analyses. Qui sait, c'est peut-être même le fond de mon tempérament soucieux et angoissé? Cette réflexion me soulage, et je retrouve ma sérénité. Ce sentiment de tristesse n'est pas le mien, n'est pas la réalité de mon présent, de ma vie. Je peux le classer, le distancier de moi, mais sans pour autant l'oublier: j'ai beaucoup de tendresse pour l'image de cette petite fille que je ne saurai pourtant jamais dessiner, car elle est terriblement abstraite, presque comme la représentation d'un pur sentiment. Et la tristesse s'évanouit. Elle n'est jamais revenue depuis. Je passe à table avec les filles, et j'ai encore quelques surprises pour cette soirée. Lili, la grande, me demande soudain si je crois en Dieu. Je manque d'avaler ma bouchée de travers, car nous ne parlons quasiment jamais de ces questions à la maison, je n'ai pas vraiment expliqué à quel cours j'étais allée (j'aborde le reiki sous l'angle d'une technique de relaxation à la japonaise, le temps d'en faire l'intégration moi-même et d'avoir assez de recul pour en parler), et voilà que cette question sur Dieu sort maitenant! Je lui ai retourné la question: c'est quoi Dieu? moi je crois que c'est beau de vivre et d'aimer, d'apprécier le beau par tous nos sens. Peut-être que c'est cela Dieu, et dans ce cas il est universel... Et ce n'est pas fini! Les filles me dessinent des fées, avant d'aller se coucher... La même soirée, ma collègue de bureau poste un article intéressant sur l'athéisme sur son réseau social internet - et je finis par une discussion sur mes questionnements professionnels et personnels avec Mari Charmant qui se montre encore plus compréhensif et constructif que d'habitude. Quelle journée!
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