Au-delà du re-centrage, et de la réappropriation de l'importance de mon corps à travers les soins, la qualité de la nourriture et les séances de sport que je suivais assidument l'après-midi, ce séjour m'amena rapidement à m'interroger sur ma relation aux autres.
Le premier axe vint de la "petite liste des gens que j'aime".
J'ai commencé la liste, et je n'avais pas envie de m'arrêter.
Je ne suis pas quelqu'un de passionné, d'exclusif, capable de l'étourdissement aveugle d'un amour absolu auprès duquel toute autre relation apparaîtrait bien fade. Bien sûr, je suis passée, bébé, amoureuse, enceinte, allaitante, par ces périodes de folie hormonale qui nous guident par tous les sens dans la construction d'une puissante relation à un autrui dont les pas entremêlés aux notres marquent à jamais l'imaginaire de notre destin. Ces êtres-là sont bien évidemment sortis les premiers de ma liste. Mais au-delà d'eux, aussi tant d'autres, croisés ici ou là, car j'avais envie de mettre sur cette liste tous les petits détails que j'aime chez untel, unetelle, untelautre... famille, collègues, voisins, amis... qu'aucune passion ne m'a jamais éclipsés.
J'ai fini par décider de faire la liste à l'envers, pour que l'exercice ait une quelconque utilité: identifier les quelques personnes avec qui je trouve difficile de construire une relation positive, et réfléchir à ma perception de leurs défauts, pour mieux les détourner, et de leurs qualités, pour mieux les valoriser.
Exercice utile effectivement, car il m'a démontré que je n'ai pas de colère... J'ai lu ici, chez Benoît, Vero, Manue, Carole, des notes très intéressantes sur la colère, sur le pardon, mais ces notes ne me parlent pas: peut-être suis-je, comme Evelyne/alibi-bi avant son accident cérébral, handicapée des émotions (mon score de QE est très bas...)?
Pour moi, face à ces gens difficiles, pas de colère, mais plutôt, de la compassion, et un gros effort de patience, me mettre dans leur langage, dans leur vision, pour arriver à échanger et avancer ensemble quand même, un peu; et aussi l'esquive, presque un jeu, ne pas les énerver, "faire avec".
La colère, chez moi, c'est un moment d'agression: de la peur avant tout, peur de la violence, de la méchanceté, de l'injustice, de l'abandon. Je n'ai pas de force dans ces occasions: ma voix tremble, mon coeur dérape, mon estomac se noue, et bientôt, les larmes - une infinie tristesse...
Comme je déteste ces expériences que je trouve humiliantes depuis que j'ai atteint l'âge de raison, j'ai passé une large part de ma vie à optimiser ma relation aux autres pour ne pas déclencher ces émotions négatives. Et je me sens mieux ainsi. Même si ce n'est pas courageux, mais alors, pas courageux du tout... je suis de ceux qui fuient, je ne sais pas faire front; une antilope, pas une lionne!
Mais parfois les antilopes sauvent leur peau en apprivoisant les lionnes...
L'écrasante majorité de mes relations me sont ainsi apparues, dans cet exercice de bilan au calme, loin des émotions d'un moment, étonnamment positives, et en fait, cela m'a emplie de joie.
J'avais désormais l'impression que je verrais toujours avant tout du positif dans toute personne nouvellement rencontrée, et même dans les plus difficiles.
Avec le recul, c'est à peu près à ce moment-là que je me suis débarrassée de l'essentiel de mon reste de timidité, qui m'a tant fait rougir de la peur du jugement d'autrui, pendant des années.
J'ai aussi ce souci là de fuir le conflit, de fuir la colère, ma colère, de fuir les gens difficiles. N'est-ce pas aussi se connaitre et se respecter ?
Courage à toi.
Devenir soi
Rédigé par : devenirsoi | mercredi 09 mai 2007 à 21h15
la colère est surtout un sentiment d'impuissance que l'on associe effectivement à une violence potentielle...
ceci explique peut être cela - j'ai aussi une collègue toujours très calme qui dit ne jamais éprouver de colère - je n'y crois pas - je dirai qu'elle n'est simplement pas autorisée à s'exprimer ! on parlera d'agacement, ok ! c'est plus modéré ;-)
et moi aussi j'ai toujours pensé qu'en chacun il y a qque chose de bien... jusqu'à l'an dernier où j'ai eu un collègue paranoïaque, mais le vrai hein que je ne savais même pas que ça pouvait exister de l'être à ce point, j'ai tout essayer pdt 6 mois je te jure ! j'ai cru que c'est moi qui devenait folle !! et surtout... je n'ai pas réussi à trouver un seul point qui puisse être positif ! incroyable hein ???
merci de tous tes articles toujours intéressants
Rédigé par : vero | samedi 12 mai 2007 à 00h25