Etrange expérience ce matin. Entretien avec Super Boss, objectifs et tâches en cours. Il m'annonce que mon collègue de Paris s'absentera encore une semaine de plus suite au décès de sa mère - je savais que cela allait mal, puisqu'il m'avait appelé pour le remplacer au pied levé à une réunion jeudi dernier, mais je n'avais pas de nouvelles depuis. Nous commençons à discuter des sujets à traiter rapidement malgré tout, car nous avions justement nos réunions semestrielles de synchronisation multi-sites cette semaine avec nos collègues des 4 coins d'Europe, d'Asie et de Californie... çà tombe mal...
Coïncidence, transmission de pensée... voilà que mon portable sonne - c'est lui. Je prend l'appel. Il veut m'annoncer la nouvelle, je m'empêtre dans les formules pas claires, sa voix se casse, je m'empêtre encore plus. Emotion; tellement d'émotion que je devine dans cette voix inhabituellement cassée; c'est très perturbant pour moi aussi; c'est un collègue tellement fort en temps normal; plus âgé et expérimenté que moi, très actif, plein d'énergie, optimiste, capable d'une tenacité incroyable dans les pires batailles commerciales et politiques dans lesquelles il m'arrive de lui prêter main forte, mais en deuxième ligne, et pas aussi solidement. Heureusement, j'arrive à toute vitesse à le rebrancher sur les sujets techniques pour détourner son émotion, il retrouve sa composition et sa voix normale; ouf, je suis sûre que cela lui fait du bien de sortir quelques instants de son immense tristesse. Je le rassure, je lui promets que je vais assurer tout ce que je peux pour les sujets les plus urgents ne souffrent pas en son absence...
Au final l'impression tout de même d'avoir été passablement maladroite dans mes mots. Tellement de conventions sociales - cacher nos émotions. Finalement nous sommes pourtant si terriblement humains... à la merci de la violence émotionnelle d'un deuil...
Le truc le plus débile que j'ai dit ce matin dans mes platitudes maladroites: "c'est la vie": Kerleane-Bécassine, le grand retour. Bouh...
Mais que faut-il donc dire dans ces cas-là?
ça dépend des circonstances, de qui on a en face, du lien que l'on a avec cette personne, on peut toujours dire "sache que je pense à toi", et comme c'est un collègue le rassurer en lui disant qu'il ne se fasse pas de soucis en plus pour le travail, que tu t'en occuperas...et puis tant pis pour la maladresse, elle fait aussi partie de la vie, être maladroit c'est mieux qu'être indifferent...non?
Rédigé par : enriqueta | lundi 06 novembre 2006 à 22h45