Juillet 2007.
Je dors mal. Malgré ma courte pause en Bretagne, les bouleversements professionnels me travaillent la tête et les nerfs; je m'endors sans peine le soir, mais je me tourne et me retourne sans cesse au coeur le plus profond de la nuit. Au milieu d'une de ces agitations insomniaques, je me dis une nuit que j'ai tout simplement trop chaud, comme si je crevais sous un excès d'énergie et d'excitation. Alors j'ai l'idée d'aller refroidir tout cela, en baignant mes jambes et mes bras sous l'eau glacée de ma douche. Efficacité étonnante: je me rendors comme un bébé, soulagée enfin comme si l'eau fraîche avait épuré ma pensée et apaisé mes émotions.
Et voilà que je rêve.
Un rêve très difficile à mettre en mots, ou même à reconstruire en images et en symbôles au réveil, car sous forme de sensations visuelles et émotives à moitié estompées. Néanmoins, il restait une progression claire dans le temps et l'espace, et surtout il s'éclaircissait au fil de son déroulement.
Au début, bien flou donc, j'avais un but, mais lequel? vivre, avancer? il y avait des gens, y compris des enfants, mais lesquels? il y avait des lieux, un peu à la jonction entre une cité et de grands espaces lumineux avec de l'herbe sèche, des arbustes, comme dans le Sud. Je ne savais pas quel était mon but, mais finalement, j'ai réalisé qu'une partie de ces gens qui m'entouraient n'avaient pas un but noble, ils étaient mauvais, dangereux. Il y avait une sorte de peur, de noir absolu, comme me l'avait si bien évoquée la lecture du Seigneur des Anneaux il y a une vingtaine d'années avec ses terrifiants Nazguls. Je n'étais pas à ma place là, car il fallait, pour continuer à avancer avec ces gens, que je dévoile mes idéaux et aspirations les plus profondes, qui allaient à l'encontre de leurs attentes.
Alors j'ai su qu'il me fallait fuir avant de me perdre dans un point de non retour. J'ai commencé à courir, je me souviens, sautant par dessus des murets de pierres sèches, la peur au ventre, il me fallait fuir et me cacher, et fuir encore en me cachant, et fuir encore, vite. Je crois que je n'étais pas seule dans cette fuite, il y avait en filigrane les miens, Mari Charmant, et quelqu'un à protéger, à sauver, peut-être un enfant? Mais je ne pouvais compter que sur moi pour mener à bien la fuite éperdue de ce groupe, et je n'avais pas à manger, et j'étais poursuivie, et j'étais fatiguée, et puis épuisée, au bord du renoncement...
Alors, toujours dans ce grand espace lâche, lumineux, derrière un porche de ces murets de pierres parmi lesquels je m'enfuyais, j'ai enfin vu s'avancer vers moi, littéralement, un sauveur. C'était un homme jeune et d'une beauté bouleversante, mais pas de ce genre de beauté un peu irréelle qu'on attendrait d'un personnage mystique; parfaitement incarné, avec une épaisse chevelure brune, des yeux bruns également, et une très grande force. Il était vêtu de blanc. Il est venu vers moi (vers nous?) et il apportait de la nourriture, et je me suis dit, soulagée, que les idéaux auxquels j'aspirais étaient donc aussi incarnés dans des personnages très forts et très vrais... Et il en est alors arrivé d'autres, des femmes cette fois, qui soignaient par la parole et par l'acupuncture (sic). Nous étions toujours une minorité apparemment, mais nous avons commencé à nous reconnaître, comme j'avais initialement reconnu mon sauveur en blanc.
Et tout cela s'accompagnait de ce sentiment d'une puissance inouie, infini, planant, qui m'avait tellement bouleversée dans le rêve magnifique que j'avais fait à 16 ans... sauf que cette fois, les rôles étaient inversés.
Octobre 2007
Depuis , j'ai fait d'autres rêves, visiblement à la recherche de ce monde magnifique à peine croisé dans ces trop rares songes. Le thème est récurrent: je cherche... Je rencontre des gens, des lieux magnifiques, comme une immense voûte de feuillage dans une profonde forêt. Et j'attends qu'ils me guident vers cette lumière dont j'ai la nostalgie, mais soit ils me retournent mon interrogation - que suis-je venue chercher? Or je ne sais pas répondre! - soit ils vaquent à leurs occupations sans se préoccuper de moi - que fais-je là? en fait, je ne sais pas trop moi-même... je tourne en rond.
C'est curieux.
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