Petite remarque de New Boss: il est content d'avoir 2 femmes dans son équipe, à présent, et à son avis, les autres directeurs ne s'entourent pas assez de femmes.
C'est quand même le 3ème des 5 chefs que j'ai eus à me tenir ce discours. Discours intéressant car il est tout sauf égalitaire. C'est une complémentarité, un nouvel équilibre dû à la différence, qui les intéressent ici. Mettre un peu de yin dans un équipe trop yang.
Il m'a fallu des années pour assumer ma féminité. Dans les années septante où j'ai grandi, ma mère venait juste de gagner le droit d'aller travailler en pantalon dans l'Education Nationale, et c'est une grue en Meccano qu'elle avait construite pour jouer avec moi. Je la revois perchée sur l'armoire (la grue, pas Maman!) dans la chambre de mes 4 ans, et je peux encore me remémorer l'odeur inimitable de ses pièces métalliques. Après j'ai construit des maisons en Lego pendant des années, et à l'adolescence, dessiné les plans des maisons de mes rêves. Il n'y avait pas de pire offense pour moi que de m'offrir une poupée, ou pire encore, un set de maquillage ou coiffure. Même quand les hormones m'ont remise à ma place, j'ai continué de refuser de porter une jupe pendant des années.
J'ai une vision bien plus nuancée aujourd'hui. Nier ou chercher à gommer les différences est simplement absurde. C'est dans l'ouverture d'esprit, la liberté des choix et la complémentarité que se trouve l'équilibre. Avec l'expérience, je m'en amuse. Combien de fois je vois les préjugés dans la tête de mes interlocuteurs... comment me prendre au sérieux, avec mon sourire gentil, mes longs cheveux et un look de fille? il m'a parfois fallu des années pour gagner l'estime professionnelle d'un macho à l'ego surdimensionné. Mais je suis patiente.
C'est d'ailleurs pour cela que je suis contre les quotas. C'est à nous les filles de faire les preuves des bienfaits que notre différence peut apporter. Forcer les statistiques ne fait que renforcer le manque de crédibilité dont nous souffrons déjà assez!
Enfin, le rôle des parents est essentiel. Jamais dans ma famille je n'ai entendu dénigrer les capacités des filles à faire des études, à travailler ou à gouverner une maisonnée. Mais il est possible que j'ai aussi bénéficié de discrimination positive dans ma culture d'origine, qui accordait aux filles les mêmes droits qu'aux fils déjà dans ses anciennes coutumes, documents historiques à l'appui (source: "La femme en Bretagne" d'Agnès Audibert).
En tout cas, plus besoin de jouer au garçon manqué pour être crédible. Vive la discrimination positive!
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