Les papyrus de Kerleane

Le grand écart

Ma note d'hier soir montre les limites de ce blog qui va avoir 5 ans dans quelques jours. 5 ans à partager ici mes humeurs, mes doutes, mes nouvelles expériences, mes questionnements, ma recherche de sens, mon regard dont je relis maintenant combien il a pris du recul, de la profondeur... Disons que je me sentirais curieusement à l'étroit dans la tete que j'avais alors.

J'avais besoin de cet espace étonnamment à la fois public et intime. Public car mon blog est configuré pour les moteurs de recherche pour permettre la surprise de rencontres improbables et enrichissantes sur un sujet donné qui ne trouvera pas facilement écho dans mon entourage, et pourtant intime car psychologies.com est peu à peu devenu un tel désert que seuls quelques anciens se croisent encore ici. Je crois qu'il me reste 2 lecteurs des premiers jours, Lomi et Fichtre, et 1 rencontre plus récente dans le désert, Alun.

Il est temps pour moi de démarrer autre chose, forte de cette première expérience du blog, temps pour moi d'oser faire converger mes multiples facettes au lieu de les vivre en parallèle. Ainsi je joue depuis 2 semaines avec mon blog professionnel bidouillé directement sous wordpress en anglais et je me sens tellement plus libre qu'ici... après tout je suis une ancienne informaticienne, je peux redescendre dans la programmation HTML et surtout, à l'aube du Web2.5, j'ai à y faire mes prochaines expériences.

Je ne sais pas si ni quand j'aurai l'envie et surtout le temps de revenir méditer à haute voix ici, mais je vais garder l'espace ouvert. Ces papyrus s'empoussièreront peu à peu et c'est très bien ainsi, ils s'adouciront avec le temps. Il est aussi possible que j'ouvre un autre blog en français pour m'exprimer de façon plus engagée et revenir partager mes expériences anglophones dans ma belle langue et culture d'origine, mais ce sera à visage ouvert. On se recroisera peut-etre...

Etranges circonstances

Après quelques jours de vacances à observer mes incertitudes et la tristesse, les doutes, l'impatience qui voletaient autour dans ma tête, j'ai décidé de lâcher prise, de laisser venir à moi les évènements et de suivre simplement mon intuition face aux éventuels engagements que la vie m'offrira, ou pas, de prendre. Ne rien attendre, ne rien provoquer, être moi simplement, présentement. Et du coup ne rien regretter. Advienne ce qui adviendra.

C'était le week-end du 6-7 août que tout cela s'est clarifié pour moi, et j'ai jeté quelques phrases un peu plus construites à ce sujet ici, le 8 août, vers midi.

Quelques heures plus tard j'ai reçu le premier message. Il ne voulait encore rien dire, mais j'ai passé la soirée à agir au cas où. C'était naturel. J'étais dans le flux.

Le lendemain, j'ai reçu le deuxième message. Le monde est devenu bizarre. Mes proches n'en revenaient pas; moi non plus. Courant juin, j'avais de l'inspiration, j'ai jeté des idées sur le papier, enfin de façon structurée, étayée, avec cette efficacité incroyable que je peux déployer pour trouver et analyser très vite les données qui m'intéressent grâce aux moteurs de recherche sur internet, et ce plaisir que j'ai toujours eu depuis l'enfance à mettre en mots, en phrases, en histoires les idées qui me traversent l'esprit parfois si fugitives que je les oublie trop souvent. Le papier était honnêtement ficelé, j'ai osé le soumettre au concours d'idées. Je voulais tester la procédure pour des raisons professionnelles. Je n'aurais jamais imaginé qu'il allait intriguer, intéresser les lecteurs du comité de sélection au point de le sélectionner, de m'interviewer à la dernière ligne droite, et finalement de le choisir comme le gagnant. Ces gens ne me connaissent ni d'Eve ni d'Adam, d'ailleurs la sélection était anonyme. Juste 4 pages, comme ils le demandaient...  

Cela bouleverse tout: 7000 euros, de quoi investir un moment dans d'autres idées; et surtout l'opportunité unique d'aller, tous frais payés, échanger ces idées avec des gens incroyables dont les idées ont déjà touché beaucoup de monde, dans la ville la plus extraordinaire que j'ai expérimentée au monde, et qui plus est juste 10 ans après sa terrible blessure qui nous a fait entrer dans le 21e siècle. C'est dingue. J'ai commencé à réaliser que c'est vrai quand j'ai vu le billet d'avion. Bien sûr j'ai déjà fait des conférences internationales mais pas de ce niveau, pas dans ce domaine et pas en mon nom propre, je représentais toujours un laboratoire ou une compagnie de renom. Là...

Je ne sais plus du tout où j'en suis... je travaille sur mon autre site web, mes réseaux sociaux, pour intégrer cette nouvelle donne dans mon identité, car c'est un profil que les gens n'attendaient pas de moi. C'est un peu comme si j'avais gagné au loto, sauf que c'est une réalisation intellectuelle. Et plus en fait. C'est complètement spirituel mais cela, je ne peux le dire à quasiment personne, à part ici et à quelques êtres lumineux rencontrés ici et là: j'ai écrit ces idées parce qu'elles donnaient du sens à ce que je fais, elles me donnaient une vision positive et optimiste du monde, elles me poussaient vers l'avant, courageusement, avec le rêve d'une nouvelle renaissance au-delà des peurs financières, écologiques, systémiques, 2012-millénaristes, etc. Au-delà du non-sens des valeurs usées de la croissance économique, consumériste, qui me parle de moins en moins chaque jour. Moi, ce tout petit moi perdu au milieu des milliards d'autres, peut-être je suis complètement à côté de la plaque. Chacun de nous a son chemin, après tout. Moi je ne sais pas où va le mien, mais je sais où poser les pieds à présent. Je veux poser mes pieds dans le futur. Je crois qu'il nous appartient de créer ce futur au mieux. Et ce n'est pas en décroissant, mais en croissant différemment, que moi je veux évoluer.

Et c'est à chacun de nous de se bouger maintenant. De toute façon çà va bouger. Le monde est complètement turbulent à présent.

 

 

 

 

Trouver une voie - Eléments de réponse

"La meilleure manière de faire bouger les choses socialement, c'est de commencer par une conversation." (Margaret Wheatley)

et une interview de mars 2011 (oui, en mars!) d'Arnaud Desjardins, disparu sans bruit médiatique dans l'agitation de ce mois d'août... qui me semble prendre tout son sens aujourd'hui (oui, en août!)...

Marc de Smedt – Beaucoup de personnes sont actuellement habitées par l'inquiétude écologique, financière, humaine. La perte de sens est générale, la peur de l'avenir occulte tout. Que faire pour contrer cette sinistrose ambiante ?

Arnaud Desjardins - D'abord, chacun doit savoir ce qu'il peut faire personnellement pour agir efficacement dans la réalité et selon les circonstances qui se présentent à lui, afin de réagir avec sagesse à son propre niveau. Et puis il faut trouver en soi ce qui est épargné par la peur permanente. Vivre dans une certaine paix intérieure aide à faire partie de la guérison du monde plutôt que de sa maladie ! Le monde intérieur est vaste : essayons de ne pas y voir que les nuages et trouvons en nous-mêmes le ciel bleu qui sous-tend tout cela !

Cet été est pour moi aussi l'occasion de nouvelles prises de conscience face à des circonstances qui se présentent à moi de façon tellement inattendue que je suis forcée à faire face à mes responsabilités. Demain c'est ma rentrée; il est temps pour moi d'avancer.